FLE littérature: Annie Ernaux - La place : Je ne t’ai jamais fait honte. - fiche pédagogique (1/5)
niveau | B2 |
public | adultes |
nb de séances | 3 de 60 à 90 mn |
Objectifs :
vocabulaire |
la honte, la gêne |
Le regard supérieur : préjugé, condescendance, infériorité, redouter, simple, prévenir |
Bien accueillir: bonté, honorer, se mettre en quatre VS faire honte |
civilisation |
Le fossé entre le milieu ouvrier et le milieu aisé et cultivé |
Sensibilisation à la stylistique |
Particularités d’un style propre à l’auteur (Annie Ernaux) |
Ressentir une atmosphère à travers un texte |
Guide du professeur:
Séance 1 :
Mise en route :
Distribuez la fiche avec la compilation de documents puisés sur Internet, ainsi que la fiche de questions intitulée « étude de documents ».
compréhension écrite
Les apprenants lisent d’abord la fiche, puis cherchent à deux les réponses aux questions. En menant la correction orale et collective, apportez petit à petit des informations sur l’auteur que la classe va étudier prochainement (particulièrement avec les questions 6 et 7). Amenez la notion d’autobiographie.
« Mais enfin, comment avez-vous pu écrire ça ? » expression écrite
En se basant sur la réplique de Guillaume Durand : « Mais enfin, Annie Ernaux1, vous êtes connue, vos livres sont lus, cet homme dont vous parlez, certains peuvent le reconnaître… comment pouvez-vous écrire ça ?! », imaginer ce qu’Annie Ernaux aurait pu écrire sur l’homme en question, pour que cela provoque une telle réaction chez l’animateur, et le résumer par écrit.
Fiches des élèves:
Etude de documents
1. Parmi les trois documents, repérez :
i) la biographie de l’auteur B
ii) le commentaire sur le livre A
iii) l’extrait du site d’une personne qui s’est beaucoup intéressée à l’œuvre d’Annie Ernaux C
2. Relevez six titres de livres d’Annie Ernaux.
La place
Les armoires vides
La honte
Une femme
Je ne suis pas sortie de ma nuit
L’Occupation
3. A quel âge Annie Ernaux a-t-elle publié son premier roman ?
Elle est née en 1940, elle publie Les armoires vides en 1974 : elle a donc 34 ans
4. Dans quelle région Annie Ernaux a-t-elle grandi ? la Normandie
Sauriez-vous localiser cette région sur une carte de la France?
5. a) Comment s’appelle l’émission de Guillaume Durand ? Sur quelle chaîne est-elle diffusée ? Campus, sur France 2
b) Selon vous, de quel type d’émission s’agit-il? un magazine littéraire
i) un jeu de défis entre célébrités
ii) une émission qui propose des reportages
iii) un magazine littéraire
6. a) Dans le document A, quels termes précisent la manière dont Annie Ernaux raconte ? pudeur et lucidité
b) Dans le document B, quels termes sont utilisés pour caractériser le style d’Annie Ernaux ? le non-style, l’écriture plate
c) Document C : que créent les textes d’Annie Ernaux sur la personne qui a écrit ? de l’émotion, cela lui donne les larmes aux yeux.
7. document B : Annie Ernaux est née dans une « famille modeste » : sous quel autre terme est repris ce milieu modeste ? son premier milieu
A quel autre milieu est-il opposé ? le monde du savoir (auquel elle a accédé)
Comment expliqueriez-vous, alors, la signification du mot « modeste » ? non-cultivé
Recherchez la signification exacte dans le dictionnaire. Essayez de voir en quoi ces deux sens sont liés. (discussion collective)
Documents:
A Les rapports à la fois simples et compliqués entre une fille et son père sont racontés avec pudeur et lucidité. C’est aussi le changement des mentalités dans les années 50-60 qui est ici évoqué : pourquoi une fille continue-t-elle ses études alors que la plupart à 19-20 ans sont mariées, ou ouvrières à l’usine... ? Le père va mourir et le gouffre d’incompréhension n’a pas été comblé ; faute à l’incommunicabilité ou évolution trop brusque des mentalités ?
http://www.livres-online.com/La-Place.html
B Annie Ernaux, née le 1er septembre 1940 d'une famille modeste, a passé son enfance et sa jeunesse à Yvetot, en Normandie. Elle est agrégée et professeur de lettres modernes et vit à Cergy, dans la région parisienne. Elle publie son premier roman Les Armoires vides en 1974. Elle a obtenu le Prix Renaudot pour La Place (1984).
Deux sentiments dominent son écriture: celui des différences sociales, de la coupure entre son premier milieu et le monde du savoir auquel elle a accédé, et celui de la domination masculine du monde. Elle dit fuir tout ce qui ressemble à la fiction, rechercher la réalité à partir du souvenir, des sensations, des sentiments, que ce soit celui de la honte sociale ou ceux de la passion. Pour elle, il y a plus de création et de travail sur la forme, en partant de la réalité qu'en imaginant.
http://www.ratsdebiblio.net/ernauxannie.html
Ts C Tous les romans d’Annie Ernaux sont de petits livrets au contenu brut. L’histoire de son père (La place, Prix Renaudot 1984), de sa mère (Une femme, Je ne suis pas sortie de ma nuit), de sa Normandie d’après-guerre. Elle y revient toujours, c’est la seule chose qui l’intéresse : le récit intime de sa vie. Son style est d’ailleurs le non-style, l’écriture plate.
« Annie Ernaux ressasse », peut-on lire ça et là. « Mais enfin, Annie Ernaux1 », dit Guillaume Durand à la télé, « vous êtes connue, vos livres sont lus, cet homme dont vous parlez, certains peuvent le reconnaître… comment pouvez-vous écrire ça ?! », « ça s’est passé », répond Annie Ernaux qui ne comprend pas très bien la question (dans La honte, elle avoue vouloir écrire des livres « qui rendent le regard d’autrui insoutenable… »). Laissons donc Guillaume Durand retourner à ses petites femmes convenables et Annie Ernaux nous mener… à la littérature.
Je suis incapable de lire quelques pages d’Annie Ernaux sans en avoir les larmes aux yeux. Parfois, quelques mots suffisent : la haine et la servilité, la haine de sa servilité (la place, au sujet de son père). Les récits d’Annie Ernaux sont universels. L’émotion nous vient de ses mots simples, étroitement liés aux choses. Elle décrit des gens inférieurs peut-être, mais profondément humains : ils avaient du cœur et de la volonté.
Face à des gens éduqués, son père percevait son infériorité sociale et la cachait du mieux que possible.
La place - le meilleur roman d’Annie Ernaux peut-être - trace le cheminement de son père. C’est aussi le récit d’une marginalité.
1 : Je cite de mémoire l’émission de Guillaume Durand sur France 2 Campus (mars 2002) à propos de l’Occupation.
http://perso.wanadoo.fr/relation.douce/FrAct/Annie%20Ernaux.htm
Annie Ernaux: voir toute la fiche pédagogique:
séance 2A
séance 2B
séance 3
séance 4